Témoignages des acteurs au Bénin

13 février 2025
Cette semaine inaugure la signature d’un nouveau partenariat avec la Fondation Watt For Change dans le cadre du programme Scale Up. Ce partenariat triennal soutenu par l’AFD (Agence Française de Développement) financera l’accompagnement et la montée en compétences de trois associations françaises dont Inti qui visent à favoriser l’accès aux énergies vertes au Bénin, en Mauritanie et à Madagascar.
Pour illustrer ces avancements, nous vous proposons de découvrir des témoignages d’acteurs engagées sur le terrain.

Je suis Edéladjo Florence ODJO, chargée de communication plaidoyer et genre à l’Association BARIKA. Activiste pour la promotion de l’égalité des genres et la santé sexuelle et reproductive. Créatrice de contenus audiovisuels sur les réseaux sociaux.
J’ai été sollicité par l’ONG REJEVE-Bénin dans le cadre de la mise en œuvre de leur projet Low Tech et Production Locale pour conduire un diagnostic sur l’intégration du genre dans les groupements de femmes bénéficiaires. Lors des focus groupe, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec des femmes rurales, souvent confrontées à des violences basées sur le genre dans leur quotidien.
L’un des aspects les plus marquants de ces échanges a été de constater que, pour la majorité de ces femmes, le concept même de « genre » était totalement inconnu. Lorsque nous avons abordé la question, beaucoup d’entre elles ne comprenaient pas en quoi les violences pouvaient être liées à une inégalité de genre.
Elles percevaient souvent ces violences comme des faits isolés, des conflits familiaux ou des événements malheureux, sans jamais les relier à des rapports de pouvoir asymétriques fondés sur leur sexe. Il était évident que la domination masculine, dans leur quotidien, était tellement ancrée dans leurs pratiques sociales qu’elles n’y sont prêtes.
L’un des moments les plus révélateurs a été lorsque, au fur et à mesure des échanges, ces femmes ont commencé à identifier des violences dont elles n’avaient même pas conscience. Par exemple, une femme expliquait comment son mari l’injuriait régulièrement, mais elle le justifiait par des tensions dans le couple, ne voyant pas que la violence verbale faisait partie d’un mécanisme plus large de domination. Pour elle, la violence était perçue comme « normale » dans un contexte où l’autorité masculine était considérée comme un droit. D’autres femmes ont partagé des témoignages similaires, évoquant des abus psychologiques ou une absence totale de décision sur les finances du foyer, malgré leur travail quotidien.
Ce travail a démontré également l’urgence de faire évoluer les mentalités au sein de ces communautés rurales. Il est crucial que la question du genre soit intégrée de manière systématique dans les actions de terrain du projet, dans les programmes de sensibilisation, pour permettre à ces femmes de comprendre que les violences qu’elles subissent ne sont pas naturelles, ni inévitables. En leur offrant des espaces d’écoute et de réflexion, on peut non seulement améliorer leur compréhension des violences basées sur le genre, mais aussi les aider à reconstruire une place de choix dans leur communauté.

Je réponds au nom de KASSA Pinagui, animatrice et distributrice de foyers améliorés. C’est une grande joie pour moi de distribuer des foyers améliorés CBE dans les communautés rurales. Cela m’a occupé et m’a beaucoup profité économiquement et socialement. Avec les foyers améliorés, quand on arrive dans les communautés, les femmes apprécient et sont contentes. Elles disent que les foyers améliorés sont très économiques. Cependant les femmes ont un problème de moyens pour payer les foyers. Ce qui fait que la demande n’est pas souvent régulière car elles prennent du temps pour payer. Cependant, elles sont vraiment intéressées par les foyers améliorés.

Bonjour, moi c’est AGBOGBO Déborah Grâce. J’habite à Natitingou, dans le quartier Kantaborifa. Ici, on utilise souvent le charbon de bois pour faire la cuisine. Mais grâce à l’ONG REJEVE-BÉNIN, on a découvert un nouveau charbon, le bio combustible. J’ai cuisiné avec pendant quelques jours et j’ai vu une différence avec le charbon de bois. Le charbon bio, il est efficace pour la cuisson. Quand on l’allume, il prend vite. Pendant la cuisson, la chaleur est bien concentrée sur la marmite et on n’a pas besoin de beaucoup ventiler pour l’utiliser. Par contre, le charbon de bois, il chauffe beaucoup trop le corps pendant la cuisson et c’est difficile de l’allumer. Mais, j’ai remarqué que le bio combustible, il fait beaucoup de cendres et il fume un peu, comparé au charbon de bois. Je conseille à REJEVE Bénin de trouver une solution pour que le bio combustible ne fasse pas trop de cendres quand on l’utilise.

Je réponds au nom de TISSINGOU Barnabé, Facilitateur Technique de Eco Bénin, volet Cuiseur. J’aimerais partager des acquis de la mise en œuvre du projet. Dans la diffusion des foyers CBE dans les villages, j’ai rencontré des femmes qui sont vraiment très intéressées et ont hâte d’avoir les foyers car c’est un foyer facile d’allumage et d’utilisation. Moi, je pense que ces foyers peuvent être utilisés dans les villages difficiles d’accès à l’argile pour construire des foyers en banco. Les foyers CBE leur sont adaptés et sont complémentaires aux foyers Wanrou. Il faut des foyers améliorés comme CBE. Avec une grande certitude, je peux certifier que les foyers améliorés CBE, quel que soit le nombre produit, peuvent être diffusés, mais il faudrait donner du temps aux femmes et expliquer les modalités de payement et les fonctionnalités. Il faut aussi faire beaucoup de sensibilisation autour de l’utilisation de ces foyers améliorés. Dans chaque village ou localité où on va, il faut faire beaucoup de sensibilisation pour leur montrer comment les trois types de foyers sont utilisés, à savoir le foyer standard, la collectivité et le foyer mixte. Quand les femmes sont autosaisies, elles maîtrisent les foyers et en prennent soin.